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le blog du minimalisme

Se lancer dans une démarche minimaliste.

Se lancer dans une démarche minimaliste c’est d’abord partir d’un constat. Vous n’êtes pas ici par hasard. Il y a forcément quelque chose qui a déclenché votre visite sur avoir-être. L’observation que certaines choses n’allaient pas. Ou juste une seule. Mais suffisamment importante pour vous donner envie de changer un élément dans votre vie, dans votre quotidien, et certainement dans votre avenir.

Démarche minimaliste : mon constat.

Comme vous aujourd’hui, je me suis lancé dans une démarche minimaliste en partant d’un constat. Et peut-être que le plus simple pour vous aider à faire le votre, c’est de vous partager le mien. 

Je reviens un peu en arrière : je suis en 2018. Pour être honnête, c’est pas la joie ! Je suis fatigué, proche du burn-out comme on dit, j’ai l’impression d’arriver au bout de quelque chose, et pourtant j’ai à peine 30 ans. 

J’en reparlerai plus en détails car c’est une expérience qui a déclenché beaucoup de choses chez moi, mais très brièvement : j’ai pris d’urgence plusieurs semaines de congés (accumulées depuis un moment). Et je me suis installé dans un gîte, dans un village de quelques âmes dans les Pouilles italiennes. Activités proposées : zéro. 

Les problèmes que j’identifie.

Alors on réfléchit. Et voici en quelques lignes le résumé de ma réflexion, mon constat :

1. Je ne suis pas épanoui dans mon travail. Bien qu’il s’agisse d’un bon poste (consultant et directement de département dans une belle entreprise de services numériques), bien rémunéré, en CDI, qui me permette d’avoir une sécurité financière et même d’un confort financier. J’ai de l’épargne. Pas encore d’investissement significatif, mais je peux l’envisager sans problème.

2. Justement je crains d’investir sur le moyen ou long-terme. J’ai peur d’être dépendant d’une situation. De ne plus avoir la liberté d’agir sans contrainte, comme celle d’un crédit à rembourser.

3. Je suis incapable d’exprimer un souhait de “vie” pour plus tard. Même si on me demande ce que je serai ou ce que je ferai dans 6 mois, je ne suis pas capable de répondre. Comme si au fond de moi j’espère que la situation sera différente de l’actuelle. Même si je ne peux pas dire comment.

4. Sentimentalement je n’ai pas non plus envie de me projeter. J’ai besoin d’être bien dans ma peau pour être bien dans une relation. Mais tout semble me montrer que je ne suis pas “bien”. Mon quotidien est tout à fait acceptable, pas de difficulté, au contraire, une certaine chance de “bien vivre”. Mais pas le sentiment de “vivre bien”.

5. Lorsque je vois mes amis, je me plains. Je trouve toujours quelque chose qui ne va pas. Je parle de mon travail comme s’il n’y avait de la place que pour ça, dis que je n’ai pas le choix, que c’est ma carrière qui veut ça, que mon équipe et mes clients ont besoin de moi. Et que donc je dois travailler le soir, le weekend, que les congés sont difficiles à prendre, etc.

6. J’achète des “choses”, beaucoup (presque chaque jour), qui pour la plupart sont inutiles. Je n’en ai pas besoin. J’ai l’impression qu’elles m’apportent une certaine satisfaction. Mais le fait que je les accumule prouve bien que non. Je ne m’en sers même pas. Quelques jours après j’oublie même que je les ai achetées. Un comportement à la fois addictif et abusif. 

Se poser les bonnes questions.

Quand on se lance dans une démarche minimaliste, évidemment on ne fait pas ce constat en quelques minutes. Juste en se posant la question “tiens, j’en suis où en ce moment ?”. Il peut paraître évident, mais en réalité il demande une prise de recul qui prend du temps. 

D’abord, il faut réaliser au moins une chose : qu’on est a priori pas épanoui, pas particulièrement heureux. Pour reprendre certains points du constat, je pense que la meilleure manière d’y arriver n’est pas en se posant la question “est-ce que je suis heureux ?”. Car il est presque impossible de répondre facilement à cette question. Mais plutôt de s’imaginer quelques mois dans l’avenir, quelques années. Et de se demander : est-ce que la situation actuelle est celle dans laquelle je veux être dans 1 an ? Dans 5 ans ? Si vous avez des difficultés à répondre, posez vous la question différemment : vous êtes dans une situation stable (emploi, logement, etc.) qui vous permet d’investir par exemple. Comment vous sentez-vous à l’idée de faire peser sur vous la contrainte d’un prêt immobilier par exemple ?

Comprendre le constat.

Dans une démarche minimaliste, après le constat vient le temps de l’analyse. Du pourquoi finalement on n’est pas épanoui dans la situation actuelle. Étonnamment, cela a été plus facile pour moi. Faire le constat, prendre ce recul, c’est ce qu’il y a de plus difficile selon moi. Dès lors que la situation est claire, les réponses à suivre sont elles aussi plus limpides.

En ce qui me concerne, le problème venait de loin. J’étais persuadé de vouloir “faire une carrière”. J’avais investi énormément dans mes études, pris des risques en les finançant par un emprunt. J’avais particulièrement réussi avec un MBA en poche et une thèse publiée en ouvrage académique. Je démarrais ma carrière en poste à l’étranger, on devait être plusieurs centaines à postuler et à rêver précisément de ce job. Je grimpe rapidement les échelons, à 25 ans je gère une équipe de presque 30 personnes et je m’en sors plutôt bien. Tout semble montrer que “je suis fait pour ça”. Facilement je décroche de nouveaux jobs sur les années à venir, des responsabilités, les augmentations de salaire qui vont avec. 

Pour beaucoup, j’avais le parcours rêvé et tout pour être satisfait. C’est justement pour cette raison que je n’arrivais pas à remettre en cause ce chemin. Pourtant, bien qu’il s’agissait de postes “rêvés”, il n’en demeure pas moins que le quotidien c’est de la pression, du stress, des problèmes à gérer sans arrêt. Et surtout, des projets qui ont très peu de sens : je déployais des logiciels pour des banques principalement, “le mal nécessaire”. 

C’est bien ce manque de sens dans ce que je faisais qui m’a fait réaliser que je n’étais pas (plus) à ma place. Je ne pouvais pas cautionner de mettre tout mon temps, mon énergie, ma santé (physique et mentale) au service d’initiatives dont le monde pouvait finalement bien se passer.

J’ai aussi compris que mes achats compulsifs tentaient en vain de compenser ces problèmes. D’éviter de me poser ces questions nécessaires, car je n’osais pas remettre en cause plus de 15 ans de parcours qui me destinaient à cette carrière. Mais il a bien fallu le faire, et ça a été ma meilleure chose que j’ai réalisée. C’est ainsi que je suis devenu minimaliste.